Azalais de Pourcairargues

(Vers 1160)

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Aux origines des poètes et écrivains locaux, aux origines même de la langue d'Oc, se trouvent deux poètesses assez mythiques puisque très mal connues. Ces "troubadouresses" ne sont qu'avarement mentionnées dans les écrits anciens. Il faut parler d'elles avec précaution et quelquefois au conditionnel.

Azalais de Pourcairagues serait née vers 1160 dans le hameau du même nom situé sur le territoire de la commune des Salles-du-Gardon, tout près de Campel, au nord de Cendras, non loin d'Alès. On ne sait ni où ni quand elle est morte. On suppose que c'est à Montpellier.

Les historiens pensent qu'elle fut de petite noblesse locale. A ce titre elle a pu fréquenter les cours de seigneurs d'Alès et d'Anduze où se tenaient des joutes verbales et poétiques données par des troubadours de langue d'Oc.

Voici ce qu'en écrit un chroniqueur de ce temps nommé Gaucelin Faidit.

 

Cet article est extrait du Moniteur des Cévennes du 5/10/1899

Traduction : " Azalais de Porcairargues était de la contrée de Montpellier, noble dame et instruite. Elle fut amoureuse de Guy Guerrejat, frère de Guillem de Montpellier. Et la dame savait trouver (1) et fit sur Guy maintes bonnes chansons."

 

(1) Trouver au sens de trobaïre, troubadours, trouvères. C'est-à-dire qu'elle savait composer des vers.

 

Nous ne connaissons de la poètesse qu'une seule chanson dont voici deux strophes en vieille langue d'Oc :

 

Ar em el freg temps vengut

Quo gels el nues e la faigna

E l'ouselet estan mut

Qu'us de cantar no s'afranha ;

E son sec li ram pels plais

Que flor ni failho no I nais

Ni rossinhols no I crida

Que l'an, en mai, nos reissida.

Tan ai lo cor deceubut

Per qu'en soi a totz estraigna

E sai que l'om a perdut

Moy plus tost qu'om no gazanha,

E s'ieu faill ab mots verais

D'aurenga ma mov l'esglais ;

Perqu'ieu n'estanc esbaïda

En pertz solatz en partida.

 

Traduction publiée dans le Moniteur des Cévennes cité ci dessus.

L'expression "perdre le soulas" reste obscure.

Le tout se termine par une "tornada", un envoi à la Vicomtesse Ermengarde de Narbonne, protectrice des troubadours. Le voici avec la traduction :

 

Joglars, que avetez co gai

Ves Narbonna portatz lai

Ma canso, ab la fenida

Leis qui jois e jovèn guida

Jongleurs aux coeurs joyeux

Là-bas vers Narbonne portez

Ma chanson avec sa dédicace

A celle que guide joie et jeunesse.

 

 Alain Gurly - 12/2004

 

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