Le soleil du
matin illumine le givre. !
Adossé
sur l'adret, le vieux mas écroulé
Frissonne au brouillard
gris montant de la vallée.
Ses vieux murs lézardés
tremblent dans l'air qui vibre.
Troublantes, embrumées,
les murailles sans toit
Ont l'air de ces remparts
de forteresse antique,
D'où surgissaient
les preux chevauchant palefrois,
Escortés d'écuyers,
hérissés de leurs piques !
Tout en haut, couronnant
le sommet, et le serre,
Une espèce de tour
de guet, de tour de guerre,
Verticale, immobile, énorme,
suranné,
Surveille on ne sait quoi,
par-dessus les genêts.
Dans ce voile tremblant,
les futaies de bouscas
Dressent un mur gris bleu
tout autour du vieux mas.
Fantômes de forêts,
et spectres de maisons,
Décor évanescent
où se noie la raison...
Au milieu d'un linceul de
brouillard et pareil
A un chercheur d'espoir,
un chercheur de soleil,
Je suis perdu ici, hors
des sentiers du Temps
Où tout s'est englouti.
Et je crois voir pourtant...
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...Aux cheminées
fendues, des bouffées de fumée,
Des rideaux aux carreaux,
dentellés et fanés.
Des filaments de soie ornent
les vieux muriers.
Je sens l'odeur du pain
au four du boulanger.
On entend les piseurs à
côté de la clède.
Et à chaque coup
sourd, un silence succède...
Du côté de
l'étable on saigne le cochon.
Dans les escudélous
se font des pélardons !
Les pierres des sentiers
résonnent de grelots!
Les chèvres, les
chevreaux, les brebis, les agneaux
Dévalent la calade
en allant au ruisseau
Où le pâtre
attentif a sifflé son troupeau.
Les magnans, lentement,
forment leurs fils de soie
Dans la chambrette obscure
au parfum d'autrefois..
La lauze, en scintillant,
protège les vieux toits.
Et j'entends les vieux murs
qui parlent, en patois.
Alain Gurly
(7/02/2004) |