LES "GARDONNADES"
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Les "gardonnades" c'est le terme employé pour désigner les énormes crues du Gardon, souvent dévastatrices.
Selon les rapports de la DDE voici les statistiques de la célébre crue de 1958.
Année: 1958 Mois: Octobre Décade: 1ère Jours: 4 Localisation Bassins: Vidourle Cèze Gardon Cours d'eau: Cèze, Crespenou, Crieulon, Gardon, Rieumassel, Vidourle. Météorologie Bassin du Vidourle. Pompignan : 72mm de 8h à 9h et 48mm de 9 à 10h. Canaules-et-Argentières : 100mm de 10h à 11h et 45mm de 11h à 12h. Décalage vers l'aval du paroxysme de l'averse au cours de la journée. Hydrologie Bassin de la Cèze. Cèze monte de 6m en 2h à Saint-Ambroix. Bassin du Gardon. Gardon d'Alès à 5m à Alès ; Gardon d'Anduze à 5,50m à Anduze ; Gardon à 4,90m à Ners et à 6,80m à Remoulins. Bassin du Vidourle. Vidourle à 1,70m à Saint-Hippolyte-du-Fort = 120m3/s, à 7m à Sauve = 1000m3/s, à 7m à Quissac (les eaux montent de 4,50m en 45mn), à 7,70m à Sommières à l'ancienne échelle (6,75m au limnigraphe EDF) = 1300m3/s. Rieumassel à plus de 8m au pont de Tarrieu = 500m3/s, Crespenou à 5m à Sauve, Crieulon à 7,20m à Orthoux = 520m3/s. Sommières : niveau de l'eau dans la ville supérieur de 15cm à celui du 27/9/1933. Evolution de la crue du Vidourle : montée extrêmement rapide à Sommières (temps de montée de 3h30 entre 12h30 et 16h) et à Quissac (élévation des eaux de 4,50m entre 10h45 et 11h30). |
Voici quelques vieilles photos de cette crue de 1958 :
Le Gardon passe par dessus le quai à Alès. |
Voiture noyée |
Coupures de Paris Match de 1958 (Octobre) |
Même mésaventure en 2002 :
Vues du Gardon à Alès en Sept 2002 |
Les dégats sont naturellement considérables. Il y a eu des crues de cet acabit en 1907, en 1933, en 1958 et en 2002. Chaque fois la hauteur de crue à Alès atteint ou dépasse 9 mètres en quelques heures.
Mais historiquement depuis l'an 1400, des recherches ont montré que le Gardon a connu des crues plus importantes encore. En 2002 dans les gorges du Gardon avant le Pont du Gard, la hauteur de crue était mesurée à 14 mètres. Or, au moins trois de ces crues ancestrales atteignaient 17 mètres !!
Les Gardons sont des rivières dangereuses. Autrefois il y avait des "troumpettaïrés" de crue. C'était des gens à qui était dévolue la surveillance de la rivière en amont. Ils se prévenaient de l'arrivée de la lame d'eau en sonnant de la trompette tout au long de la vallée vers l'aval... et il fallait faire vite pour dégager tout ce qui risquait !
Voici pour terminer sur une note poétique un petit extrait d'un texte occitan d'Ernest Aberlenc (1847-1930), qui chante les crues du Gardon.(1)
Garo davans, gents de Cevenos ! Despachas voùs, fourbias caraou, Que lou gardon, couflèn sas vénos, Arrivo enrajat coum'un braoù. Ausissès loù dé sas bramados Espaventen lous liocs vésis, Crebant lous oustaous déglesits..
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Levez vous de là, gens des Cévennes Dépèchez vous, sortez des chemins, Car le Gardon, gonflant ses veines Arrive enragé comme un taureau. Entendez le qui épouvante De ses clameurs les lieux voisins, Eventrant les maisons disjointes... (Traduction de Pierre Mazodier)
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(1) Cité dans "La Mémoire du Galeizon" de Christian Anton (Tome I) - Marès - 1990
Alain Gurly - 12/2004
Alain Gurly - 12/2004