Gustave de La Fare Alais
(1791-1846)
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Il est issu d'une haute et vieille famille languedocienne, dont la présence est attestée dès avant 1170. Son père, Jacques-Alexandre, après une belle carrière dans les armes, s'était retiré au Château de Lacoste, près de Cendras, proche d'Alais. Gustave de La Fare y naquit en 1791.
Son précepteur fut l'abbé Pignol, curé d'Alais, puis l'enfant continua ses études au Collège d'Alais. Très jeune, par atavisme et par goût, il est attiré par la carrière des armes. A cet effet, il est admis à Saint Cyr à l'âge de seize ans. Malheureusement atteint par une sévère maladie, il dut abandonner cette prestigieuse Ecole. Il s'inscrit alors à la Faculté de Droit de Toulouse en 1810. Et c'est là, sans doute qu'il va commencer à s'intéresser à la langue et à la littérature Occitane. En 1814, à la première Restauration, saisi par sa passion légitimiste qui ne le quittera pas de toute sa vie, Gustave de la Fare entre de nouveau dans la carrière militaire, dans les Gardes du Corps de Noailles, en granison à Beauvais. La Fare a écrit d'ailleurs ses souvenirs de l'époque, et surtout ceux de son exil pendant les 100 jours. A son retour et avec la 2° restauration, il changea de corps et rentra dans la légion du Gard avec grade de lieutenant. Probablement toujours pour des raisons de santé, il abandonne définitivement la carrière militaire en 1818 et se retire complètement à son château de Lacoste. Il se marie en 1819 et occupe longtemps la charge de Maire de Saint Martin, où ses compétences en droit font merveille. Puis il siègera au Conseil Municipal d'Alais.
De l'avis de tous ceux qui le cotoyérent, La fare était un homme d'une vaste culture et d'un abord très agréable. Il était grand, distingué, très vieille France, prévenant et aimable. Sa conversation était aisée, et son esprit pétillant. Avec ces qualités mondaines, La Fare préféra cependant toujours ses séjours à la campagne retirée de son château de Lacoste.
En 1841 se produit alors l'évènement qui va faire de La Fare un écrivain et un poète occitan. Il fut décidé en effet de fonder cette année là un journal local appelé "L'Echo d'Alais". Voici le fac similé du premier numéro.
Gustave de La Fare ne cessera jamais d'apporter à ce journal sa participation active. C'est pour ce journal qu'il écrivit en français de très nombreux articles touchant à des domaines très divers. Et c'est pour ce journal qu'il écrira la très grande majorité de ses poésies occitanes, d'un goût agreste et d'un charme malicieux, qui seront regroupées plus tard à sa mort sous le titre de "Las Castagnadas" (1) Mais il ne signait jamais de son nom. Les poésies et les articles étaient signées X.
Il s'employa toute sa vie à régénérer le vieux langage cévenol. Il y a réussit à tel point que ses compatriotes ne risquèrent pas d'oublier les ouvrages qu'il composa pour célébrer leurs moeurs, leurs coutumes, leur pays. Ce pays qu'il aime et qui alimente sans cesse son inspiration : pâtres, mineurs ou citadins, et même la nature, les serres et les rivières, Gardon ou Galeizon.... les moeurs et les légendes locales (la Roumèque...), tout lui est thème poétique. Car s'il est un versificateur habile en français, il est un véritable poète en occitan grace à une grande sensibilité et une profonde compréhension de la langue.. Il écrira une véritable défense de la langue languedocienne. Gustave de La Fare fut un des précurseurs du félibrige.
(1) de "castagna" : action de ramasser les châtaignes.
Alain Gurly - 12/2004
(1) La 1° édition de 1846 fut rapidement épuisée et une 2° édition lui succéda en 1851 : "Las Castagnados, poésies languedociennes, deux, éd. - Alais Vve Veyrun - in 8°" - Veyrun était l'éditeur de l'Echo d'Alais
Alain Gurly - 12/2004