Gustave de La Fare Alais
(1791-1846)
(Suite)
Cette défense de la langue, La Fare l'écrira souvent et de plusieurs façons.
On la trouve dans ces quelques vers :
La lengo qu'a lou mai de prusé pouétiquo La lengo qu'es touto musiquo Per qu'aou sèn la fan dé rima Es la qué barboutis éfan, à la brassièro, Es aquélo qué la prumièro Nous appren à diré : Mama. |
La langue qui a le plus de vertu poétique La langue qui est toute musique Pour celui qui ressent la faim de rimer, C'est celle que l'on marmonne enfant à la brassière, C'est celle là qui, la première, Vous apprend à dire : Maman. |
On la trouve aussi, rédigée dans un français exquis et goguenard, mais attendri, dans la Préface que La Fare avait écrite pour Las Castagnados.
"""""""Mais si les doctes et les puissants ont délaissé cette vieille (1) que n'agitait plus le vent de la faveur, le peuple et la famille sont restés fidèles à son culte ; et la poésie la plus populaire, la plus nationale (2) expression de la religion et des moeurs d'un pays, la poésie ne lui fit point défaut. C'est sur ce terrain surtout qu'il faut étudier cette langue euphonique. Les étrangers, les esprits froids, les imaginations didactiques ne peuvent se faire une idée des ressources d'un idiome qui n'est point apprécié faute d'être connu.(3) Il faut descendre dans les secrets de sa grammaire ingénieuse. Il faut étudier ses conjugaisons si fluides dans les temps les plus rocailleux : comparer ses subjonctifs souvent si gracieux, souvent si hardis, presque toujours sonores, avec leurs correspondants du français, si filandreux et si sifflants, que la prose oratoire repousse, que la rime proscrit radicalement, et que le bon goût, dans le langage familier même ne sème que d'une main avare.""""" Notes : (1) La Langue d'Oc, notez l'ironie....! (2) Le terme nationale chez un fin lettré comme La Fare, n'a sûrement pas été mis là par hasard ! (3) Voyez l'exemple remarquable du poète Irlandais William-Bonaparte Wyse qui vint en Provence apprendre le provençal, ne voulut plus jamais en repartir et se mit à rimer des poésies en langue provençale !! |
D'ailleurs La Fare entreprendra l'écriture d'un dictionnaire du Languedocien comme l'abbé de Sauvages. Mais si la longue vie et la parfaite santé de ce dernier lui laissèrent tout le temps de l'achever, lui n'en eut pas le temps. Gustave de La Fare mourut en 1846, à l'âge de 55 ans. Il est enterré au château de Lacoste, où il naquit et où il vécut.
Suite et Extraits de son Oeuvre
Alain Gurly - 12/2004
Alain Gurly - 12/2004