La Maison Morte

 

Elle est là, dans le soir qui la dore ; elle est morte..
Elle est morte et pourtant elle reste debout ;
Elle attend et j'attends comme elle et malgré tout,
Que le chien me découvre et que le maître sorte.

Ils ont tué le chien, ils ont fermé la porte,
Puis ils s'en sont allés dans le grand soleil d'Août,
La lèvre frémissant d'on ne sait quel dégoût...
Mais les morts, les vieux morts, est-ce qu'on les emporte ?

Les morts, ils sont restés pour garder la maison,
Et parfois dans l'horreur de l'extrême saison,
S'en venir lentement par la route odieuse,

Après avoir humé la pluie et bu le vent
Et caressé les murs d'une main anxieuse,
S'en venir, eux les morts, pleurer sur les vivants.

  

Maurice-Marie de Trescol
(7 Novembre 1943)

 

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